Routes. La France ressort comme le mauvais élève européen pour la sécurité routière.En France, les accidents, principalement liés à la conduite en état d'imprégnation alcoolique, sont la première cause de mortalité chez les 18-25 ans. Photo AFP.La France, où les accidents de la route sont la première cause de mortalité chez les jeunes, est l'un des pays où les 18/25 ans jouent le plus avec les limites légales d'alcoolémie. C'est ce qu'on a appris hier selon une étude auprès de jeunes conducteurs de huit pays européens.
Cette étude, réalisée pour l'association Prévention routière et la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA), montre l'importance de la consommation d'alcool chez les jeunes Européens : si les jeunes Suédois, Polonais et Anglais sont les plus gros consommateurs d'alcool au cours de soirées, ce sont les Français avec leurs voisins Espagnols et Italiens, qui prennent le plus de risques au volant.
Les révélations de l'enquête sont plus qu'inquiétantes : un jeune Français sur quatre a conduit après avoir bu de l'alcool et un sur dix en a bu plus de deux verres, selon l'étude réalisée en juillet 2008. Les jeunes jouent même avec le feu. 41 % disent boire juste ce qu'il faut pour rester au-dessous du taux légal d'alcoolémie et 7 % limitent leur consommation mais pensent être au-dessus du taux légal quand ils ont à prendre le volant après une soirée.
Allemagne bonne élèveEn revanche, en Allemagne ou aux Pays-Bas, 70 % des jeunes disent s'abstenir de boire avant de conduire. Les jeunes Suédois consomment eux beaucoup d'alcool mais s'organisent (70 %) pour ne pas conduire au retour. En France, les accidents de la route sont la première cause de mortalité chez les 18/24 ans avec 22 % des tués et 22 % des blessés en 2007 pour 8,5 % de la population. Les accidents où l'alcool est en jeu sont à l'origine de 38 % de jeunes tués sur la route. Selon l'étude, la France est pourtant, avec la Pologne, le pays où l'on désigne le plus souvent un capitaine de soirée qui ne boira pas et conduira (lire ci-dessous).
La sécurité routière organise la 5e nuit des Capitaines de soirée le 11 octobre au cours de laquelle plus de 150 discothèques et près de 750 bénévoles se mobiliseront pour promouvoir le réflexe du conducteur désigné et faire connaître les Captains'Angels, qui aident les jeunes à trouver un capitaine de soirée.
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« Il faut insister sur l'information »Pour le délégué général adjoint de l'association de la Prévention routière, Jean-Yves Salaün les jeunes Français doivent changer leurs comportements. Certes ce ne sont pas eux qui boivent le plus en Europe mais ce sont ceux qui prennent le plus de risques au volant. « Les jeunes avouent prendre le volant après avoir bu quelques verres, dépassant bien souvent les limites légales », déclare-t-il.
Comment peut-on expliquer ce phénomène ? Apparemment, il y aurait deux causes : tout d'abord, dans les autres pays européens, il y a une éducation de la responsabilisation plus forte qu'en France. Ainsi, les jeunes sont plus sensibilisés aux problèmes de l'alcool. Ensuite, les taux d'alcoolémie sont beaucoup plus bas que les 0,5 grammes français. Les jeunes des autres pays ont donc une marge beaucoup plus restreinte qu'en France et « n'osent pas boire, de peur de dépasser tout de suite les limites légales ».
La solution préconisée par la Prévention routière serait donc d'informer plus intensément les jeunes Français. « Il faut agir très tôt dans les écoles » selon M. Salaün. Une formation complète serait nécessaire, en apprenant non seulement quels sont les effets de l'alcool sur le corps mais aussi quelles peuvent être les conséquences. « Une réflexion sur la baisse du taux légal d'alcoolémie en France est également engagée », elle permettrait peut-être de faire baisser le nombre d'accidents et de tués. Ainsi, en s'alignant sur des pays où le taux est de 0,2 grammes, les jeunes Français seraient peut-être moins tentés de boire.
« Il y a quand même des éléments positifs en France » souligne M. Salaün. En effet, les Français sont ceux qui font le plus appel aux capitaines de soirée. Cette réussite, « encourage la Prévention routière à continuer ses messages » car il semble que les jeunes Français soient touchés par les campagnes d'information.
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LA DEPECHE.FR